En tant que programmistes, nous accompagnons de nombreuses maitrises d’ouvrages dans la conception d’établissements scolaires. Si la rédaction de programmes scolaires peut paraitre rébarbative pour certains, il n’en est rien pour nous ! Chaque nouveau projet présente une opportunité d’innover et de réinventer l’école de demain. Alors, à quoi ça ressemble ?
Quelques tendances
Au fil des projets, nous avons pu dégager des tendances sur l’évolution des programmes scolaires. On vous donne quelques exemples ?
Réduction de l’impact environnemental des projets
Il s’agit d’une thématique qui concerne maintenant l’ensemble des projets immobilier, mais nous observons un intérêt particulier pour la réduction de l’impact environnemental, dans les projets scolaires. Il est notamment question d’utiliser les bâtiments scolaires et les cours d’écoles comme supports pédagogiques, pour éduquer les générations futures. Nous observons également une sensibilité de certains maîtres d’ouvrage vis-à-vis de la biodiversité, une thématique qui attire particulièrement les enfants. Enfin, se dessine une réelle volonté des collectivités de tendre vers du low tech pour, notamment, assurer le confort estival au sein des bâtiments. Dans le cadre du projet de restructuration du groupe scolaire Mi Plaine à Meylan, la volonté des maîtres d’ouvrage était d’utiliser des matériaux biosourcés dans le bâtiment et de s’en servir comme support pédagogique, en organisant des visites du bâtiment.
Repenser les cours d’école
Encore une thématique dont nous vous avons déjà parlé ici , là et ici , l’aménagement des cours d’école a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années !
Nous observons une réelle volonté de végétalisation des cours d’école à la fois, pour réduite l’effet d’ilot de chaleur urbain, pour servir de support pédagogique, pour le bien-être des enfants et pour permettre plus de biodiversité. Mais cela ne s’arrête pas là ! Un aménagement de cours non genrées est également souhaité : fini le terrain de foot qui prend toute la place ! Des espaces de jeu différenciés font aussi leur apparition.
Cette volonté n’est pas non plus décorrélée de celle de faire l’école dehors ! Nous observons un réel regain d’intérêt des équipes enseignantes pour faire classe dehors, lors des beaux jours. Dans le cadre de la construction d’un groupe scolaire à Meyzieu, des espaces de représentations ont été conçus pour faire classe dehors, parmi un panel important de cours à thèmes (espace potager, prairie, etc).
Une ouverture sur la ville
Les écoles ne sont plus conçues comme des bulles fermées sur elles-mêmes, l’établissement scolaire est vu comme un espace du quartier en tant que tel. Cela s’observe notamment par l’intégration des riverains à la démarche participative, comme nous avons pu le mettre en place dans le cadre du projet de réhabilitation/extension de l’école Paul Bert à Besançon. La volonté est bien de créer une interface définie et clairement périmétrée « Ville-Ecole » proposant des services et des échanges. Dans certains établissements, des espaces sont mêmes ouverts aux habitants, hors des horaires de l‘ouverture de l’établissement, comme la bibliothèque, le restaurant, la cour, etc. Nous avions eu l’occasion de mettre cela en place dans le cadre de la rénovation et extension de l’école Pasteur à Grigny, ou de la restructuration du groupe scolaire à La Réole.
Une école adaptée à ses usagers
Un programme d’établissement scolaire ne pourra être réellement innovant que s’il correspond à ses usagers ! Comme vous le savez, il n’est pas dans nos habitudes de mettre en place des innovations programmatiques sans qu’elles n’aient été définies collectivement par les futurs usagers du bâtiment.
Ces grandes thématiques innovantes ne pourront être appliquées au projet, que par la mise en place de solutions concrètes et ancrées dans le quotidien. Par exemple, un potager ne pourra être implanté que si un local de jardinage est prévu, mais par qui celui-ci sera-t-il géré ? Pourra-t-il être ouvert aux riverains ? Qui récoltera les légumes ? Tout autant de questions passionnantes auxquelles nous nous devons de répondre !
Cela passera par la compréhension des métiers de chacun, l’étude des différentes réglementations, les fonctionnements internes tels que la gestion des feuilles mortes, les réparations ou l’entretien des locaux, les impératifs sécuritaires et sanitaires et d’autres sujets que tout bon programmiste doit avoir en tête !
En ce sens, il est dans notre et votre intérêt, d’impliquer les différents acteurs (équipes éducatives, animateurs périscolaire, enfants, parents d’élèves, agents municipaux, personnel d’entretien, de restauration, riverains, etc) à la fois pour recueillir leur besoin, mais aussi les impliquer, les responsabiliser dans le projet. Nous ne pourrons concevoir une école de demain, que si ses espaces correspondent aux aspirations de tous !
L.J.