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Peyo, un cheval à l’hosto
Crédits photos : Lydie Gaillardin – association Les Sabots du Cœur

Quoi de plus incongru que de découvrir, à l’ouverture des portes de l’ascenseur dans un service de cardio-pédiatrie, un visiteur mesurant 1,60m au garrot et pesant près de 500 kg, avançant fort gracieusement et sans anxiété, la tête juste sous les dalles du faux-plafond ?

Cette semaine, focus sur Peyo, le cheval soignant qui parcourt les hôpitaux.

Peyo, un cheval pas comme les autres

Peyo est un étalon de type Barbe né en 2003, acquis en 2011 par Hassen Bouchakour, dresseur équin pour le spectacle, qui a rapidement reconnu dans ce cheval une attirance spontanée envers les personnes fragiles ou malades.

Peyo sillonne la France depuis plusieurs années avec son dresseur et l’association les Sabots du Cœur, avec laquelle il intervient en EHPAD, unités Alzheimer et de psychiatrie, USLD, services de soins palliatifs et de pédiatrie, et où il prodigue des soins à sa manière. Il s’est invité dernièrement dans l’unité de pédiatrie de l’hôpital cardiologique Louis Pradel à Lyon-Bron.

Petit précis de préparation de l’équidé sur sol PVC

Constatant les effets bénéfiques de la présence animale auprès des patients, de nombreux établissements ont invité chats et chiens au chevet des patients, voire poules ou moutons, comme nous en parlions dans un précédent article.

Mais un cheval dans les couloirs de services médicalisés, quelle surprise ! Alors naturellement, accueillir un équidé dans un service hospitalier de pointe en présence de patients fragiles nécessite une préparation, à laquelle Peyo est parfaitement habitué : nettoyage intégral, désinfection des pattes, habillage, le cheval se plie sans broncher au protocole.

Il a appris à faire ses besoins sur commande de son dresseur, dans des sacs, et n’est pas impressionné par les couloirs de l’hôpital, ni même par les machines d’une salle de réanimation pédiatrique… trop fort, l’animal !

Des effets spectaculaires sur les patients

Instinctivement, l’étalon déambule librement sous l’œil de son dresseur, entre dans les chambres, choisit les personnes vers qui il s’avance, les effleure de son museau, entre en connexion avec eux. Témoignant une hypersensibilité naturelle, de grandes capacités d’empathie et de réconfort, Peyo s’est singularisé en s’orientant plus particulièrement vers les personnes en grande détresse, souffrantes ou en fin de vie.

Invité dans les services sur une durée de plusieurs jours, parfois une semaine, Peyo présente une grande faculté d’apaisement auprès des patients ou des résidents, qui permet par exemple une réduction des doses de calmants dans la prise en charge de la douleur. Des résultats extraordinaires unanimement reconnus par les soignants, les accompagnants et les patients eux-mêmes, qui n’hésitent pas à le surnommer Docteur Peyo

La médiation animale dans les soins

Peyo fait aujourd’hui l’objet de recherches scientifiques portées par cinq hôpitaux français et un centre d’études vétérinaires en Belgique afin d’appréhender les mécanismes neuropsychologiques sur les patients et d’en savoir plus sur sa sensibilité toute particulière.

Le cheval multiplie en effet les expériences heureuses : des patients retrouvent la parole à son contact, d’autres se lèvent et marchent alors qu’ils ne le faisaient plus, certains habituellement recroquevillés se sont éveillés et ont manifesté une complicité émue, la mémoire de moments oubliés est revenue pour d’autres.

Des résultats qui dépassent les espérances et confirment plus largement les possibilités offertes par la médiation animale dans le soin, telles que l’apport de bien-être, le développement de la dextérité, la stimulation des capacités cognitives, l’amélioration de l’autonomie ou des liens sociaux de personnes en situation de fragilité, etc.

Des effets très positifs qui peuvent s’expliquer par la neutralité de l’animal et son absence de jugement, suscitant le désir d’interaction avec lui et favorisant l’apaisement. L’inattendu, l’émergence de souvenirs, peuvent par ailleurs renforcer un imaginaire parfois mis à mal dans un cadre médicalisé.

Rejoignant d’autres pratiques émergentes, la thérapie assistée par l’animal suscite un intérêt grandissant pour élargir le champ de pratiques de soins et d’accompagnement. Elle invite également à repenser notre rapport à l’animal, qui, pour peu qu’on le regarde dans les yeux, n’a pas fini de nous surprendre.

N.J.

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