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La fin des cours d’école genrées

Chez Florès, nombreuses sont nos études sur les groupes scolaires, et donc par extension sur les cours d’école. Aujourd’hui, nous nous intéressons au genre, avec la question des cours d’école genrées.

Les cours d’école

Nous avons déjà évoqué plusieurs sujets sur les cours d’école :

Et si on s’intéressait cette fois aux cours d’école sous le prisme des inégalités de genre ?  A quoi ressemblerait une cour d’école plus inclusive et plus égalitaire ?

Des stéréotypes sexistes dès le plus jeune âge

On le sait, encore de nos jours, les enfants font face très jeunes aux injonctions de genre. Pour les filles par exemple : “ne crie pas trop fort, sois gentille”. “Les filles sont mauvaises en sport”. “Le foot ce n’est pas pour les filles, ça fait garçon manqué”. ”Il faut que tu portes des robes et des jupes”, … Par opposition, la société valorise l’affirmation de soi des petits garçons, et encourage les comportements de compétition, de domination. Et les garçons qui n’adhèrent pas à la supposée norme ne sont pas épargnés par ces stéréotypes, ils sont souvent rabaissés au statut de “fillettes”.

Inévitablement, ces biais sexistes induisent une hiérarchie très forte des activités qui sont socialement considérées comme masculines”, par rapport à celles dites féminines”. Jouer à des jeux “féminins” quand on est un garçon, ou “masculins” quand on est une fille, c’est souvent prendre le risque d’être critiqué.e, moqué.e, harcelé.e.

Comment cela se traduit-il dans les cours de récréation ?

Des cours d’école pas vraiment mixtes

Il n’y a pas si longtemps (à peine 50 ans), les lois françaises généralisaient la mixité dans les écoles. Quel pas en avant ! Et pourtant, malgré ce mélange dans les classes, des études montrent que les cours de récréation restent souvent des espaces où l’on observe très peu de mixité filles / garçons.

Les travaux d’Edith Maruéjouls sur ces questions de genre dans “les espaces du Loisir des jeunes” sont passionnants. Elle définit la cour de récréation comme le “premier espace de relation autonome sociétale. On y apprend la relation à l’autre ; c’est un endroit qui devrait être propice à assimiler les bases de rapports sains et égalitaires entre les genres”.

Malgré cela, la répartition très inégalitaire de l’espace en fonction des genres dans les cours est flagrante. “Ce que l’on peut observer, c’est que dès qu’il existe un espace central, un groupe de garçons va se l’approprier pour ses jeux collectifs – dans 95 % des cas, le foot – et ce que le terrain soit dessiné ou non”. En conséquence, tous les enfants qui ne jouent pas au foot sont exclus de cet espace, et relégués en périphérie, sur les à-côtés. En 2014, un rapport du Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective faisait les mêmes constats.

Dès le plus jeune âge, il est ainsi tout à fait accepté que les garçons ont le droit d’investir l’espace public, tout en excluant toutes les personnes qui ne répondent pas à la “norme” du masculin. Et à l’inverse, ces dernières intègrent qu’il est “normal” qu’elles en soient écartées, et finiront par y renoncer.

Alors comment rétablir un partage plus équilibré des espaces de récréation ?

Des projets inspirants…

Plusieurs grandes villes, notamment celles de Trappes, Rennes, Grenoble ou Bordeaux, ont saisi ces questions à bras le corps. L’objectif n’est évidemment pas de supprimer la pratique du foot, mais d’éviter qu’elle s’accapare l’espace. C’est d’offrir la possibilité de jouer, de partager, d’explorer, de se détendre. Ce, dans des espaces dédiés qui ne soient pas en marge d’un terrain de foot qui monopoliserait l’espace.

En bref, l’objectif est de diversifier au maximum les lieux d’activités collectives et celles en plus petits groupes. Tout en réfléchissant aux questions de la taille des espaces, des couleurs, des revêtements de sol, de la végétation, de l’accessibilité, du bruit, etc, afin de favoriser le mieux-vivre ensemble.

Ainsi, les terrains de foot bitumés sont déplacés, réduits, amputés d’une cage, et remplacés par des espaces verts, des potagers, des aires de jeux construites qui n’appellent pas un usage genré, mais qui favorisent la créativité et l’appropriation de manière universelle.

… avec des résultats probants

Doublées d’un engagement très fort des équipes enseignantes pour diversifier les activités collectives, ces solutions mises en place présentent des résultats très probants. E. Maruéjouls témoigne ainsi : “À partir du moment où ils ont mis en place des récrés dans lesquelles ils vont expliquer des règles de jeux collectifs, ça apaise les relations entre les enfants car tout le monde a son espace. Quand les règles ne sont pas bien posées, ça engendre des conflits. Quand on les définit clairement, on fait rentrer plus de monde dans le jeu et on évite les frustrations. ”

Ecole élémentaire Ille à Rennes – Publication X, Rennes Ville et Métropole

Quand on sait que les espaces urbains restent aujourd’hui des lieux d’expression de la domination masculine, où les minorités sociales* (sexuelles, de genre, ethno-raciales, etc.) subissent harcèlement, agressions, exclusions, il est urgent de questionner la place de chacun et de chacune dans les espaces de sociabilité, et ce dès le plus jeune âge. Chez Florès nous en tenons compte dans tous nos projets !

*minorités définies en termes de pouvoir, et non en termes de nombre

Pour aller plus loin 

  • L’entretien complet d’Edith Maruéjouls ici : Comprendre les inégalités dans la cour d’école, pour l’Obs/Rue89
  • Quelques exemples d’écoles ici (à Rennes) ou (école Michel-de-Montaigne, à Trappes).

J.P.