Florès a récemment démarré une étude passionnante : la restructuration de l’auditorium de Lyon. Patrimoine local parfois mal connu ou mésestimé, quelle est l’histoire de l’auditorium de Lyon ? Comment est-il perçu dans l’environnement lyonnais ? Nous avons enquêté !
Histoire du bâtiment
L’auditorium a été conçu par l’architecte Henry Pottier, l’architecte urbaniste Charles Delfante, l’acousticien Léon Conturie et l’ingénieur des structures Thierry Jeanbloc.
La conception architecturale du bâtiment résulte de la forme de la salle de concert. Sa structure (aussi complexe que celle d’un ouvrage d’art !) se prolonge à l’extérieur. Les façades Nord sont constituées de panneaux préfabriqués et décorés de 5 graphismes différents. Les façades Sud sont quant à elles, recouvertes de béton projeté sur une maille d’acier. L’ensemble est recouvert d’une structure en voile de béton nervuré autoporteuse.
Etat des lieux de l’auditorium de Lyon
La salle était prévue pour accueillir 2040 spectateurs, 120 musiciens, 200 choristes. Elle est spécifiquement conçue pour accueillir des concerts avec orchestre symphonique. Elle peut également être adaptée pour accueillir des ballets, des spectacles lyriques ou des conférences.
Les locaux de travail des agents de l’auditorium (administrations, musiciens, etc) sont organisés sur deux niveaux, autour d’un patio intérieur. Ils sont placés sous « la coque de l’auditorium » qui abrite la salle de concert. Cette conception permet de mettre en valeur l’artistique et de masquer les coulisses. D’autres volumes cachés, inaccessibles au public, s’ont implantés sous les gradins au pied de la tour Crayon.
La place Charles de Gaulle, en face de l’auditorium, est aménagée comme un « petit théâtre » en plein air. Cette place marque la transition entre le niveau des voiries du quartier et les promenades sur dalles, par l’aménagement d’une sorte de forum.
Le bâtiment est inauguré le 14 février 1975, il y a maintenant 47 ans !
L’auditorium aujourd’hui
D’après l’analyse historique et architecturale du bâtiment, nous pouvons en déduire que ce bâtiment devrait être un symbole fort dans le tissu urbain de barres, tours et dalles de la Part-Dieu. Il a été conçu comme un objet architectural singulier, alliant architecture et performances techniques. Mais comment est réellement perçu ce bâtiment par les lyonnais ?
Rencontre avec les lyonnais
Pour en savoir plus, nous avons donc interrogé un groupe d’une vingtaine de personnes sur leur vision de l’auditorium dans la ville. Et bien ce que l’on peut dire est que les résultats sont pour le moins … contrastés !
« C’est un bâtiment enclavé, pas très visible. Il ne fait pas partie selon moi des bâtiments emblématiques de la ville de Lyon comme l’opéra. »
« Il passe inaperçu dans le quartier, il est moins visible que la bibliothèque par exemple. ».
« Il ressemble à un gros bloc de béton. Ça ne donne pas du tout envie »
Un des retours qui nous a le plus frappés est le suivant : une grande partie des lyonnais interrogés n’arrivent pas à clairement identifier le bâtiment de l’auditorium comme un lieu emblématique de la ville. Son architecture atypique ne marque pas toujours les esprits ! Beaucoup de personnes interrogées nous ont simplement répondu « Je ne vois pas à quoi il ressemble ».
Cela pourrait être dû à plusieurs facteurs : un coin de la Part-Dieu où les lyonnais ne vont pas ? Peu de points de vue proposés sur le bâtiment et son architecture atypique ? Un bâtiment en béton qui disparait dans l’architecture du quartier ?
A cela s’ajoute une sensation que le bâtiment est enclavé, malgré le fait qu’il dispose d’une place centrale dans la ville.
« Il est caché derrière la Part dieu, c’est très compliqué d’y aller depuis la gare. »,
« Il est perdu entre des routes et le centre commercial ».
Ensuite, les personnes qui connaissent le bâtiment ne l’ont pas toujours identifié comme un équipement culturel. L’imaginaire associé au bâtiment est plutôt celui d’un stade ou d’une patinoire : « J’ai mis beaucoup de temps à comprendre qu’il s’agissait de l’auditorium. ». « Pour un équipement culturel, j’aurais attendu quelque chose de vivant, de coloré, de beau. ». Ce bâtiment en béton est à la fois perçu comme brutal et triste, ce qui ne correspond pas, pour certains, à l’image qu’ils se font d’un équipement culturel.
Enfin, certaines personnes apprécient le côté « science-fiction » du bâtiment. « Ça fait un peu rêver, on dirait une soucoupe volante ». « C’est vraiment une esthétique particulière, comme un gros vaisseau soviétique ». « Il était illuminé pendant la fête des Lumières une année, c’était très beau. ». Une esthétique à assumer et valoriser ?
Suite à ce petit sondage, nous notons donc que la mise en valeur du bâtiment, la valorisation de son esthétique et son affirmation dans le quartier seront essentiels à son appropriation par les habitants. Car, la vocation d’un équipement public est avant tout d’être au service de la population !
L’auditorium fait aujourd’hui face à des enjeux majeurs : mise à niveau fonctionnelle, technique, enjeux patrimoniaux, etc. Auxquels s’ajoute une volonté forte de réintégrer ce patrimoine à la vie du quartier et de ses habitants. Nous pouvons donc dire que nous avons du pain sur la planche ! Autant de défis passionnants à intégrer à ce futur projet de restructuration !
L.J.