Florès ...

Contenu non visible

Pour imprimer le contenu de cet article :

utilisez le bouton d'impression disponible sur la page

ou utilisez le raccourci CTRL + P

Les Fab Labs : mode ou tendance réelle ?

Nous autres, programmistes, sommes au premier rang pour être confrontés à la notion de Fab Lab… on nous demande de « prévoir aussi, un Fab Lab », et même plusieurs… Devant une telle demande, aussi floue, il faut savoir questionner, réagir, car alors, Fab Lab a toutes les chances d’être un mot valise…

Le Fab Lab, what is it?

Il s’agit d’un espace permettant de réaliser à peu près n’importe quel objet. Un atelier très polyvalent. La notion est née au MIT autour des années 2000. Dans la culture actuelle, héritant d’un contexte numérique, deux notions viennent caractériser un Fab Lab :

  • une pratique libre de droit (possibilité de répliquer)
  • une attitude visant à assumer la création d’objets concrets, correspondant à une volonté de maîtriser son propre environnement autrement que par des actes d’achat.

On associe souvent Fab Lab et imprimante 3D. On en oublie l’essentiel : il s’agit avant tout d’un projet humain, collectif, visant à partager des moyens de création/production en vue d’un gain d’autonomie (empowerment).

Une demande d’approche collaborative

Lorsqu’on nous demande un Fab Lab, il y a 9 chances sur 10 que ce soit le symptôme d’une envie de partage, de transversalité… et comme on ne désire souvent que ce qu’on a pas, c’est aussi le symptôme d’un manque de communication, de collaboration…

On peut donc dire que toutes les conditions d’échec sont réunies ! Les lieux ne sont pas, en tant que tels, des remèdes miracles.

Et à ce stade, nous autres, programmistes, avons le devoir de dire que ce qui fait le Fab Lab, au sens d’un espace collaboratif, c’est d’abord un projet commun, une organisation humaine favorisant la collaboration, le partage, l’échange, et ensuite, ou en même temps, des lieux et des équipements.

De ce point de vue, la création d’un Fab Lab est davantage une mission de conduite du changement, ayant comme objet, moyen ou prétexte un lieu, et impliquant les managers aussi bien que les personnels.

Un nouveau point de vue sur le concret

Si les attentes sont nouvelles, elles dépassent le simple phénomène de mode.

La dévalorisation des métiers manuels dans l’Hexagone est l’expression de notre tendance à une certaine forme de platonisme : l’idéalisation des constructions intellectuelles au détriment des choses et réalisations concrètes.

Serions-nous prêts à en sortir?

Nous avons par exemple trouvé particulièrement intéressant que le Conseil Départemental de la Drôme envisage un Fab Lab dans un collège. Il a pour but d’articuler les salles de sciences, de technologie et d’arts plastiques. Cette envie est d’autant plus pertinente que les enseignants travaillent déjà ensemble en mode projet, et que le Fab Lab vient faciliter des pratiques initiées dans des locaux pas précisément adaptés.

Nous espérons y voir le signe que cette attitude face aux choses concrètes est en train d’évoluer et que l’apprentissage du faire et du concret réintègre le champ de l’éducation. Apprendre la soudure à l’arc ou la réparation d’électro-ménager, voilà des aptitudes qui pèsent sans doute autant qu’une imprimante 3D dans la balance de l’empowerment!

De l’imprimante 3D au rabot

Il est remarquable que l’imprimante 3D soit pour beaucoup devenue le symbole des Fab Labs.

Dans l’écosystème qui a vu naître les Fab Labs, la Californie, la capacité à prototyper était certainement décisive. Mais il y a aussi une sorte de magie autour de cette machine, dans la mesure où elle fait le lien entre la donnée et le concret, l’idée et la chose.

Elle est à elle toute seule l’allégorie de la capacité de faire qui nous a échappé et que les makers souhaitent reconquérir.

Elle permet de commencer à fabriquer sans savoir-faire technique poussé. Mais par là même elle incite à aller plus loin, car elle ne peut pas tout produire… et le Fab Lab devient un véritable atelier. A vos marteaux, limes et tournevis !

Tout un programme…

En définitive, le Fab Lab présente deux intérêts majeurs :

–              il est un outil de prise d’autonomie de l’individu,

–              il est un projet collectif de partage de moyens, d’apprentissage et de création.

Chaque Fab Lab est ainsi unique. Le programme architectural d’un tel lieu est lui-même un prototype : ce Fab Lab pour quoi et pour qui ? Pour quel projet ?

Le programmiste doit penser les spécificités du projet tout en proposant des mutualisations intelligentes et une évolutivité des locaux.

C’est vraiment un travail tenant du défi, mais passionnant à réaliser !

 

O.T.