Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) menée en 2019, 730 000 personnes fréquentent un établissement d’hébergement pour personnes âgées (EHPAD) ou y vivent. Soit 10 % des personnes de plus de 75 ans et près d’un tiers de celles de plus de 90 ans. (1) Une population nombreuse, mais aussi chaque fois plus âgée et plus dépendante… Que reflètent ces statistiques ? Que reproche-t-on aux EHPAD et comment les faire évoluer pour qu’ils répondent aux enjeux actuels ? Une plongée dans ce sujet passionnant qui ne concerne pas que nos aînés !
Un peu d’histoire
Pour commencer par le commencement, remontons le temps pour comprendre comment l’on a créé les établissements d’aide aux personnes âgées. Avant l’industrialisation et l’exode rural, la famille s’occupait le plus souvent de ses aînés, en vivant avec eux. Mais lorsque les travailleurs ont commencé à migrer vers les villes et n’ont plus eu assez d’espace pour les accueillir, la situation s’est corsée… Comment faire pour les personnes âgées, qui se retrouvaient alors isolées et sans moyens ?
C’est à ce moment-là, vers les années 1900, que l’on a créé les premiers hospices (mot dérivé de l’hospitalité) publics ou religieux. Ces établissements accueillaient les infirmes, les aveugles, les personnes âgées démunies et les orphelins. Les aînés y arrivaient vers 60-70 ans (à l’époque, l’espérance de vie était de 45 ans). (2) Peu à peu, ces lieux de vie ont intégré des espaces médicalisés.
La création de ces hébergements spécifiques a engendré une certaine catégorisation des personnes âgées. On parle d’un nouveau lien ambivalent entre la société française et les plus âgés, entre bienveillance et rejet, entre protection et surveillance.
Ces établissements ont été de plus en plus cadrés. En 1975, on différencie le secteur social du médico-social et les maisons de retraites remplacent les hospices. Puis, en 2002, le terme d’EHPAD remplace celui de maison de retraite, avec un cahier des charges bien défini visant à structurer et affirmer les droits individuels et collectifs des usagers. (2)
Les EHPAD d’aujourd’hui remis en question
Si la création de ces établissements était plus que nécessaire en temps donné, force est de constater qu’aujourd’hui ce modèle ne répond plus aux attentes des personnes âgées et de leurs familles. Sans mentionner certains scandales médiatisés, quels sont les principaux points reprochés ?
- « L’EHPAD, cela ressemble trop à un hôpital. » Qui ne s’est jamais fait ce genre de réflexion en se promenant dans des couloirs bordés de néons blafards, en découvrant ces chambres au mobilier aseptisé, ces endroits pù les résidents sont souvent contraints de partager leur chambre et leur douche ? Si ces établissements sont délaissés, c’est parce que l’on peine à s’y sentir chez soi.
- « L’EHPAD, c’est un lieu isolé. » Un lieu rempli de personnes âgées, et de plus en plus dépendantes, ce n’est pas ce dont rêvent les familles pour leurs aînés.
- Le manque d’ouverture et la sensation que les résidents ne se tirent pas vers le haut sont également reprochés aux EHPAD.
Quid de l’EHPAD de demain ?
Avec la volonté grandissante des villes de s’adapter aux personnes âgées (comme via le label « Ville amie des aînés » par exemple) (4), dans le but de leur permettre de vivre à domicile plus longtemps, ou encore la diversification des habitats intergénérationnels, il n’est pas simple pour les EHPAD de rester attractifs. Dans ce sens, plusieurs rapports proposent des solutions concrètes afin de répondre à ces nouveaux enjeux. Comme celui du Think Tank Matières Grises (3) par exemple.
Quelques pistes
Chez Florès nous vous donnons quelques pistes :
- Pour retrouver un chez-soi au sein de l’EHPAD :
- Généraliser la chambre individuelle et la concevoir comme une petite maison, avec espace dortoir et espace réception
- Personnaliser les circulations pour personnaliser les espaces et donner des points de repérage.
- Offrir plus de flexibilité sur les horaires de repas
- Diversifier les sources d’éclairage pour éviter l’effet « néon hospitalier » …
Des petites attentions qui peuvent paraître anodines mais dont l’impact est considérable lorsqu’elles sont appliquées à ces lieux de vie du quotidien.
- Pour ouvrir l’EHPAD sur l’extérieur :
- Le jumeler avec une association sportive locale
- Etablir des partenariats avec des écoles
- En faire des lieux de diffusion de la culture via des Universités du Temps Libre
- Y implanter des services d’aide et de soins à domicile
- Poposer des hébergements temporaires, un centre d’information pour les personnes âgées…
Tout pour éviter l’effet « enfermant » des EHPAD et en faire des lieux attractifs pour les habitants, quels que soient leur âge et leur situation !
Chez Florès, nous avons l’habitude de travailler sur des projets d’EHPAD et nous avons à cœur d’accompagner la transition passionnante de ces espaces. Le projet de l’EHPAD Guy Thomas de Riom notamment, nous a permis de mener une réflexion sur ces sujets.
Pour clôturer le sujet, j’aimerais vous partager une citation issue de l’article de MOBA SPACE :
« Ainsi l’EHPAD de demain, avant d’être un EHPAD technologique ou encore un EHPAD à domicile, doit être un EHPAD plus humain. Le temps constituera certainement le véritable enjeu de l’EHPAD du futur. Temps suffisant pour prendre soin. Temps partagé entre soignants et résidents en dehors de tout acte de soin. Ou encore temps partagé entre résidents autour d’activités véritablement choisies. »
Article en ligne par MOBA SPACE : « Histoire des EHPAD : l’accompagnement de nos aînés » – mars 2021
J.R.
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Sources :
(1) Etude de la DREES : « Des résidents de plus en plus âgés et dépendants dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées. Premiers résultats de l’enquête EHPA 2019 » – juillet 2022.
(2) Article en ligne par MOBA SPACE : « Histoire des EHPAD : l’accompagnement de nos aînés » – mars 2021
(3) Rapport de Matières Grises : BROUSSY Luc, GUEDJ Jérôme, KUHN-LAFONT Anna – « L’EHPAD du futur commence aujourd’hui. Propositions pour un changement radical de modèle » – mai 2021
(4) « Comment penser le territoire de demain avec et pour les aînés » – La Gazette (Cahier détaché 2) – 15 mai 2023
