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Comment transformer une église désaffectée ?

Il y a quelques semaines, nous vous parlions des spécificités des rénovations du bâti ancien. Dans la continuité nous vous proposons cette semaine de parler des églises désaffectées, et plus précisément de leur devenir. Quels usages sont possibles pour de tels édifices ?

Un peu d’histoire…

Autrefois profondément ancrée dans la religion catholique, la France devient laïque avec la loi du 9 décembre 1905. La religion devient alors de moins en moins présente dans le quotidien des français. Plusieurs centaines d’églises sont donc peu à peu désaffectées, notamment dans les petites villes et les villages.

Pourtant, ces édifices sont encore plus ou moins fréquentés, même si ce n’est pas pour leurs usages premiers. Quand beaucoup les fréquentent pour découvrir l’histoire d’un lieu, d’autres y vont pour des raisons plus traditionnelles, à l’occasion de cérémonies religieuses comme les mariages par exemple. Mais cela reste des visites ponctuelles, qui ne suffisent pas à maintenir en vie ces bâtiments souvent témoins de notre propre histoire.

Certaines communes tentent alors de leur trouver de nouveaux usages, plus pérennes. Quelques exemples.

L’église comme lieu traditionnel

Certaines églises transformées gardent un usage traditionnel. L’idée est de ne pas s’éloigner de l’usage premier de ces édifices, sans pour autant en faire des lieux de culte.

Le côté positif ?

Même si, pour certains, la religion prend de moins en moins de place, l’appartenance à une culture basée sur le christianisme fait que nous continuons à enterrer nos morts ou à nous marier à l’église, entre autres exemples. Les églises sont alors des espaces dédiés à des évènements particuliers de nos vies. Elles représentent des moments emblématiques, heureux ou non.

Quelques exemples 

En Allemagne, certaines églises sont spécialement dédiées aux enterrements. Il s’agit des églises colombaires. Un mobilier spécialement dédié à la dépose des cendres y est installé. C’est le cas, par exemple, de l’église Saint-Joseph à Aachen, ou de l’église Notre-Dame à Dortmund. Ce nouvel usage permet de garder une atmosphère calme, pour favoriser le recueillement. Pas si éloigné de la prière finalement !

L’église comme lieu de services

Une autre piste à creuser pour transformer une église désaffectée est d’en faire un lieu dédié aux services. Il s’agirait d’y implanter un nouvel usage utile à la vie de commune.

Le côté positif ?

Comme nous l’avons vu, ces édifices font partie de la vie des usagers, en tant qu’individu. Mais pas que. Les églises permettent également de faire vivre toute une communauté : ici, une paroisse. Dans une société où la religion prend de moins en moins de place, il s’agirait plutôt de faire vivre une commune. Ce type de reconversion permettrait aux populations de continuer à fréquenter le lieu, à le vivre.

Quelques exemples 

L’église Notre-Dame des Sept Douleurs à Amsterdam, aux Pays-Bas, propose un programme de reconversion consistant en la réinsertion sociale de femmes qui viennent de sortir de prison. Ce nouvel usage permet même d’être en adéquation avec les principes de la religion chrétienne, notamment la notion de charité. Tout en participant à la vie d’une communauté, ce type de reconversion permet de rester dans l’esprit du lieu.

Dans l’Orne, après la fusion des communes de Saint-Martin-d’Aspres et Notre-Dame-d’Aspres, la nouvelle commune s’est retrouvée avec deux églises paroissiales. Or, il n’était pas utile d’en avoir deux. Les élus ont donc décidé de transformer l’église inutilisée, l’église Saint-André, en mairie et salle polyvalente.

« Si certaines personnes, aux dires du maire, « trouvent bizarre que l’on danse dans une église », personne ne s’offusque de ce changement »

COUVRET Véronique, « Le patrimoine reconverti pour une deuxième vie », Le Réveil Normand, 14 février 2015

Un exemple un peu plus éloigné de l’usage traditionnel est celui de l’église des Dominicains à Maastricht, aux Pays-Bas. Depuis 2007, l’édifice accueille une librairie. Celle-ci s’organise sur deux étages de 30m de long et de 7.5m de haut, au total. Son volume permet de préserver les dimensions de l’église. Le mobilier religieux y est même revisité ! Par exemple, un autel en forme de croix fait office de table à destination des lecteurs.

En somme, pour réussir sa reconversion d’église, il faut respecter l’esprit du lieu. Les églises sont des lieux de culte, certes mais aussi des lieux de vie. Il ne faut pas non plus oublier que ce sont des lieux qui aspirent au calme et au silence. Parfois, des personnes y sont même enterrées. C’est pourquoi certaines transformations d’église peuvent faire polémique : mais dans quels cas ?

Affaire à suivre !

E.N.