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L’urbanisme tactique : un renouveau pour les espaces publics ?

L’urbanisme tactique : un renouveau pour les espaces publics ?

Aujourd’hui on vous parle d’urbanisme tactique, un concept récent visant la régénération des zones urbaines existantes.

Urbanisme et espaces publics : un peu d’histoire

Ces dernières décennies, la pratique de l’urbanisme a été soumise à des changements profonds. C’est une réponse à de nouvelles demandes sociales, environnementales et économiques.

La notion d’espace public, bien qu’elle ait toujours existé, a grandement évolué, son aménagement reflétant les tendances de nos sociétés. On a initialement utilisé cet espace à des fins politiques en tant que lieu d’échange et de débat, puis comme un espace commercial. Ce n’est que récemment que l’on a pleinement reconnu son rôle structurant dans les interactions sociales. Les rues, les places et les trottoirs jouent en effet un rôle fondamental. Ils permettent de se retrouver, se divertir, se détendre, …

Un renouveau après la pandémie

La pandémie de COVID-19 a accentué ces exigences en mettant en lumière la nécessité de repenser la planification urbaine et les espaces publics. Cette période de confinement a clairement mis en évidence que les rues ont une utilité bien plus large que simplement servir de voie de déplacement, ouvrant ainsi des possibilités d’aménagement des espaces auparavant sous-utilisés. La ville a donc dû se réinventer. Ce, en adaptant l’utilisation de ses espaces publics pour répondre aux nouvelles demandes des citadins. Ceci a entraîné une accélération d’initiatives visant à repenser notre utilisation de l’espace public. C’est ce qu’on appelle l’urbanisme tactique.

L’urbanisme tactique 

Dans ce contexte d’adaptation, l’urbanisme tactique a explosé dans nos villes. Il se caractérise par une réorientation des priorités de l’urbanisme traditionnel. L’urbanisme classique se concentrait sur la gestion de l’expansion urbaine. L’urbanisme dit « tactique » met, lui, davantage l’accent sur la régénération des zones urbaines existantes.

Cette nouvelle orientation s’appuie sur les concepts de réversibilité et de réutilisation. Ils mettent en avant la nécessité de repenser les espaces urbains pour les rendre plus flexibles et adaptables aux besoins changeants de la société.

On attribue souvent le concept d’urbanisme tactique à Mike Lydon, urbaniste à la tête du collectif activiste new-yorkais The Streets Plan. On peut définir le concept comme une série d’actions à petite échelle visant à répondre à des problèmes plus vastes. C’est une approche qui repose sur :

  • Des actions mises en œuvre localement
  • Avec des ressources limitées
  • Sur une période relativement courte
  • Dans des espaces collectifs sous-utilisés ou mal utilisés.

La participation citoyenne au cœur du processus

Cette approche s’inscrit dans l’approche du « lighter, quicker, cheaper » (plus léger, plus rapide, moins cher). Elle se place en opposition des politiques publiques d’aménagements complexes, longues et figées dans le temps. En effet, l’urbanisme tactique véhicule traditionnellement un message militant. L’objectif est de rétablir la connexion entre la population et les institutions publiques dans la conception des espaces communs de la ville.

La participation citoyenne est ainsi au cœur du processus de conception de l’urbanisme tactique. Ce, pour répondre à la nécessité de réintroduire dans nos villes quelque chose qui a été perdu ou négligé. Une forme de lien social authentique, et une expérience sensorielle dans notre pratique de la ville.

Depuis quelques années ce concept, autrefois principalement porté par les citoyens, a trouvé un espace au sein des institutions publiques. En effet, face à une demande grandissante d’initiatives citoyennes proches ou assimilables à de l’urbanisme tactique, les villes ont dû développer des moyens d’encadrer, de supporter, ou d’accompagner ces nouvelles expérimentations.

Cette photo nous montre des aménagements qui relèvent de l’urbanisme tactique récemment installés sur la rive droite du Rhône à Lyon. Le marquage au sol éphémère, la flexibilité du mobilier portatif et la fonction ludique de ces aménagements sont destinés à l’appropriation des habitants en attendant le projet de  réaménagement des quais de la Rive Droite.

Des limites pour l’urbanisme tactique ?

Certains chercheurs ont souligné le fait que l’urbanisme tactique peut parfois renforcer les inégalités sociales et décupler le processus de gentrification déjà en place, au détriment de quartiers défavorisés. De même, on peut remettre en cause la question de son impact et de sa durabilité si ces aménagements ne sont pas intégrés dans une stratégie globale à l’échelle de chaque ville, avec des transformations réversibles.

Pour une partie des acteurs, le rapprochement de l’urbanisme tactique avec les acteurs publics est une bonne chose et un signe de succès de cette pratique. Alors que, pour d’autres, ces actions peuvent donner l’impression que les villes optent pour des solutions temporaires plutôt que des réponses complètes et réfléchies aux enjeux.

En effet, par définition, les projets tactiques sont temporaires, ils ne sont pas pérennes. Ils peuvent être démontés ou supprimés après une courte période, ce qui peut limiter leur impact à long terme. L’aspect temporaire de l’urbanisme tactique peut alors entraver la réalisation de changements durables ou la résolution de défis urbains plus complexes. De plus, le manque de méthodologie ne garantit pas une participation citoyenne ayant un impact significatif dans la réalisation du projet.

Bref un concept en plein développement, avec des avantages certains mais en gardant en tête les limites !

L.G.