Florès ...

Contenu non visible

Pour imprimer le contenu de cet article :

utilisez le bouton d'impression disponible sur la page

ou utilisez le raccourci CTRL + P

Quels revêtements de sol pour une cour de récréation ?

L’été dernier, les médias se faisaient l’écho d’une idée originale de la Mairie de Paris pour lutter contre la canicule : débitumer les cour d’école. Une initiative parmi d’autres qui souligne les enjeux multiples au cœur du choix du revêtement de sol foulé, pendant la récréation, par nos charmantes têtes blondes. Pérennité, sécurité, propreté, qualité sanitaire et environnementale : comment faire pour arriver à tout concilier ? Florès s’est penché sur la question.

Avant toute chose, il convient bien bien sûr de définir clairement l’ensemble des critères à prendre en compte dans l’élaboration d’une cour de récréation qui relèvent à la fois des besoins des enfants,  des attentes des adultes et des enjeux environnementaux. Comme illustré sur le schéma ci-dessous, le choix de revêtement au sol adéquat naît nécessairement de la convergence de l’ensemble de ces critères – au détriment d’aucun d’entre eux.

Cours de récréationA espaces variés, revêtements multiples

En raison de la diversité des activités qui y sont pratiquées, une cour de récréation est, par définition, un espace aux multiples facettes… et donc, potentiellement, aux sols variés. La tendance à uniformiser le sol de cette surface conduit à contrario à l’uniformisation des activités : les grands espaces enrobés incitent les enfants à s’agiter alors que certains pourraient avoir besoin de se reposer de pratiquer des activités plus calmes. Varier les espaces et les revêtements qui les délimitent s’avère de fait être un bon moyen de stimuler les enfants sur tous les plans : pratique sportive, développement de la curiosité, socialisation.

Quels matériaux pour quels espaces ?

Le choix des revêtements de sol doit être en cohérence avec les activités qui ont lieu dans la cour de récréation. A l’extérieur, l’utilisation de matériaux ancestraux s’impose comme l’option idéale pour concilier confort d’usage, qualité environnementale et santé des enfants.

  • Pour les activités sportives et agitées, privilégier les surfaces dures. La norme est aujourd’hui à l’utilisation de l’enrobé, mais il existe des alternatives au bilan carbone bien moins important :
    • pavés de pierre (dans la mesure où les arêtes et largeur de joints sont maitrisées pour éviter les chutes et les blessures). La pierre est un matériau aujourd’hui oublié, un peu plus cher que l’enrobé, qui revient petit à petit au goût du jour et dont les prix devraient évoluer positivement. Durable, esthétique et drainant, un sol pavé peut tout à fait remplacer un enrobé, moyennant une mise en œuvre soignée.
    • les sols drainants stabilisés naturels qui nécessitent peu d’entretien et sont assez souples pour éviter les blessures en cas de chute. Ce type de sol risque néanmoins de rebuter les parents, car il est parfois salissant en cas de pluie, et les personnels d’entretien parce qu’il peut potentiellement ramener des boues dans le bâtiment. Face à cela, ce sont les usages et comportements qu’il faut questionner : Accepter que l’enfant se salisse ? Prévoir éventuellement des tenues de rechange en cas d’urgence ? Faire enlever les chaussures aux enfants dans le bâtiment, à l’instar de ce qui se fait au Japon ou en Norvège ?
  • Pour les activités calmes, prévoir des espaces aux revêtements plus chaleureux comme par exemple
    • les pelouses-prairies dans lesquelles il est agréable de s’asseoir pour discuter et qui favorisent l’infiltration des eaux de pluie. En fonction des régions, il faut néanmoins prévoir un entretien et un arrosage important
    • les terrasses en bois non traité, un matériau très chaleureux dont le vieillissement peut être maitrisé mais qui peut parfois être fragile (arêtes et angles) en fonction de l’usage qui en est fait
  • Pour les zones de jeu (type toboggan ou escalade), proscrire absolument les matériaux synthétiques, peu chers certes, mais à l’impact environnemental désastreux (faible perméabilité, issus de l’industrie pétrolière, rapidement dégradés et potentiellement dangereux pour la santé des enfants). Préférez-y plus les copeaux et écorces de bois, très efficaces pour amortir les chutes et qui stimuleront les sens des enfants (odeur, toucher). Ceux-ci doivent être renouvelés régulièrement, pour un coût tout à fait raisonnable

Concilier pérennité, sécurité, qualité environnementale et sanitaire dans une cour de récréation : mission impossible ? Pas du tout ! Le coût de l’opération peut néanmoins varier en fonction des revêtements de sol choisis, les plus nobles à l’instar des terrasses en bois ou des pavés de pierre étant un peu plus élevés que les matériaux classiques (enrobé ou synthétiques).

Le secret réside dans la multiplicité des revêtements choisis. Penser par exemple à varier les degrés perméabilité en intégrant, bien sûr, des espaces largement végétalisés, où les enfants apprécieront se cacher et s’aventurer.

La solution, in fine, ne peut être trouvée sans un changement de culture. Pendant longtemps, les attentes des adultes ont été les seuls vecteurs influençant la conception des cours d’école. Une cour carrée en enrobé permettait de conserver les enfants propres en les surveillant aisément, de ne pas salir les locaux avec des chaussures pleines de boue et ce, avec des conditions d’entretien limitées. Peut-être est-il temps de penser plus à l’épanouissement des enfants et d’accepter les salissures sur les vêtements ?

S.S.