Florès ...

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Le refuge de montagne, un lieu de confort en milieu hostile ?

De l’abri « tout-en-un » avec cuisine, salle à manger et dortoir dans la même pièce, au refuge hyper-technologique du Goûter sur « l’autoroute » du Mont-Blanc, l’image et le niveau de confort du refuge de montagne ont beaucoup évolué. Mais ces améliorations sont-elles réellement nécessaires, et en rapport avec l’environnement montagnard ?

Les refuges de moyenne ou haute montagne ne sont pas des gîtes d’étapes, dans lesquels les touristes peuvent loger plusieurs jours : ces abris sont accessibles seulement à pied, à quelques heures de marches de toute civilisation. Cette utilisation très spécifique du lieu génère deux contraintes :

  • le refuge doit permettre aux randonneurs de trouver le repos après et avant une longue randonnée ;
  • son inaccessibilité contraint fortement les approvisionnements (eau, énergie, nourriture, matériel).

Et comment obtenir un peu de repos, après une randonnée éreintante dans la neige, sans avoir l’occasion de prendre une bonne douche bien chaude ? Ce sont ces deux exigences paradoxales qu’il faut réussir à combiner dans un refuge de montagne.

Par ailleurs, si la limitation en énergie et en eau est assez facilement comprise par la majorité des randonneurs, d’autres contraintes le sont plus difficilement, notamment la minimisation des surfaces construites : le manque d’énergie pour réchauffer un volume plus grand, la difficulté à entretenir un refuge d’altitude, et l’approvisionnement du chantier de construction sont autant de facteurs qui poussent à réduire les surfaces. Cette réduction a nécessairement pour conséquence une diminution du confort, comme l’absence de chambres, la proximité dans les dortoirs, une seule salle commune, peu propice au repos, etc….

Un réel besoin de confort ?

Le deuxième aspect de la problématique liée au confort apparaît quand on se pose la question de pourquoi construire un refuge. Ce sont des lieux pour les randonneurs, en quête de découverte, ou de pratique de la montagne. On peut donc se demander s’il est pertinent de proposer un bâtiment sans aucun rapport avec son environnement : dans un refuge offrant un niveau de confort comparable à celui de la vallée, comment un randonneur peut-il comprendre que la montagne est un milieu exigeant, et parfois dangereux, dans lequel il faut privilégier autonomie et simplicité ?

Par ailleurs, la proximité que l’on peut trouver dans un refuge de petit volume facilite la convivialité entre randonneurs : les échanges seront plus faciles à une grande tablée commune que si chaque groupe mange à sa propre table. Ces conversations sont l’occasion de partager leurs expériences de terrain, et font partie de l’apprentissage et de la pratique de la montagne.

Mais alors, comment proposer un certain confort si cela compromet l’expérience du randonneur ?

La nécessité d’attirer

Le refuge est un lieu d’apprentissage de la montagne : un des objectifs de refuges accessibles sans grande difficulté sera donc d’attirer des randonneurs novices, qui ne sont pas prêts à passer la soirée dans une salle trop froide, sans avoir la possibilité de prendre une douche chaude, ni à dormir à proximité immédiate d’inconnus, sans la moindre intimité. Pour ceux-ci, un niveau de confort minimum doit être garanti dans le refuge, pour ne pas les décourager d’y dormir, et ne pas les dégoûter de la randonnée en haute montagne !

Certains randonneurs, généralement plus intéressés par la performance sportive que par la montagne elle-même, auront envie d’avoir un maximum de confort, et seront prêts à mettre le prix pour y avoir droit.

D’autres catégories de randonneurs existent, aux attentes variées. Certains sont de passage au cours d’un périple de plusieurs jours, voire semaines, souvent en solitaire, et recherchent la convivialité simple, plutôt que le confort.

C’est donc la position géographique du refuge, et la difficulté des randonnées alentour qui déterminent le niveau de confort d’un refuge de montagne. Il peut aussi être élevé, mais doit rester en cohérence avec le milieu dans lequel il se trouve. Il peut être à l’inverse plutôt faible, mais doit toujours permettre d’apporter réconfort aux randonneurs !

G.M.