Florès ...

Contenu non visible

Pour imprimer le contenu de cet article :

utilisez le bouton d'impression disponible sur la page

ou utilisez le raccourci CTRL + P

La HQE® nouvelle version, l’occasion d’interroger nos pratiques

La HQE® nouvelle version, l’occasion d’interroger nos pratiques

Il est 6 heures du matin, je suis dans le train. Pas très réveillé, j’ouvre mon ordinateur pour commencer à travailler avec la certification HQE® nouvelle version. Sur la plateforme ISIA (Innovative Sustainable Interactive Application) donc. Donc sur internet. Tant pis, profitons-en pour donner nos premières impressions sur ce label remanié, près d’un an après son entrée en usage.

Depuis octobre 2016, une nouvelle version du label HQE (haute qualité environnementale) est applicable, et en théorie obligatoire pour tous les projets qui n’ont pas été commencés au préalable avec l’ancienne certification HQE®. Autrement dit, pour un programmiste, pour tous les projets.

Cette nouvelle mouture présente plusieurs différences importantes par rapport à l’ancienne : de nouvelles cibles, une nouvelle manière de noter, et un nouvel outil.

Un nouveau système de notation

La labellisation HQE s’obtient toujours avec trois niveaux possibles, dont la dénomination a changé : performant, très performant et excellent. Mais c’est surtout dans l’agrégation des notes que la différence se fait : auparavant, les « préoccupations » étaient regroupées en 14 « cibles », elles-mêmes regroupées en 4 thèmes (Energie, Environnement, Santé, Confort). Il y a maintenant un niveau d’agrégation de plus.

version

Dans la nouvelle version, les résultats sont davantage évalués, alors que dans l’ancienne version on se concentrait sur les moyens mis en oeuvre. Cette modification donnera probablement plus de libertés aux concepteurs pour proposer des solutions plus adaptées au contexte et plus innovantes.

De nouvelles cibles

Cette nouvelle version a remanié les anciennes cibles, et fait apparaître de nouveaux paramètres à évaluer.

Tout d’abord un nouvel « engagement » a été créé, la performance économique, avec 3 objectifs : l’optimisation des charges et des coûts, la contribution au dynamisme et au développement des territoires, et l’amélioration de la valeur patrimoniale, financière et d’usage.

Autrement dit, on prend un peu de recul sur la qualité environnementale du bâtiment, pour se rapprocher davantage de la durabilité du projet : la labellisation doit signifier, pour le projet, et non plus seulement pour le bâti, une qualité la plus globale possible : environnementale, de confort, mais aussi financière et sociale.

En plus de cet engagement, les thèmes des transports, des services et d’accessibilité ont été renforcés.

version

Par ailleurs, pour élargir davantage le spectre de l’évaluation, un autre engagement est apparu : le « management responsable », qui évalue les moyens et l’organisation du projet. Sur cet engagement, 5 niveaux de maturités sont atteignables.

La plateforme ISIA

L’évaluation du niveau de performance d’un projet, selon la HQE, se fait maintenant sur une plateforme en ligne (ISIA). Vue de loin, celle-ci ressemble à un questionnaire où certaines réponses impactent une note (qui en impacte une autre, qui en impacte une autre…), ou engendrent de nouvelles questions. Au bout d’un certain temps, toutes les réponses ayant été fournies, le projet obtient une note.

Une des réponses qui modifie substantiellement les autres questions est celle de la phase du projet où l’on se situe. En ce qui nous concerne, par exemple la programmation. En effet, les critères évalués sur la plateforme ISIA sont adaptés au stade où en est le projet.

Alors quels changements de pratique ?

Tout d’abord un apprentissage, évidemment. Pour exploiter au mieux cette nouvelle labellisation, il faudra au préalable la maîtriser parfaitement.

Cependant certains impacts nous semblent déjà perceptibles.

Le premier est qu’il va nous falloir travailler systématiquement avec internet, ce qui, on peut l’espérer, sera bientôt possible à peu près partout.

Le second, et probablement le principal, est qu’il est très difficile d’avoir une vision globale de ce qui est demandé. D’une part parce que le nombre de thèmes a bien augmenté et le calcul de la note s’est complexifié, d’autre part parce qu’il n’y a pas de document regroupant l’ensemble des informations. Et il faut bien l’avouer, parce que nous ne nous sommes pas encore complètement familiarisés avec le sujet.

Faute de vision globale sur cette HQE, deux possibilités semblent alors s’offrir à nous : soit imposer un certain niveau à chacun des objectifs, sans avoir conscience de ce que cela implique, soit vérifier la faisabilité avec une étude préalable très approfondie, et en supposant des choix que pourrait faire la maîtrise d’œuvre. Au risque d’imposer aux concepteurs des choix qu’ils n’auraient pas fait.

Cette nouvelle HQE nous invite à explorer de nouvelles pistes, mais une certaine transparence des outils mis à disposition et une plus grande souplesse nous aiderait nous y orienter.

G.M.