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Le programmiste face à la crise

Dans un contexte de crise, quel peut être le rôle du programmiste dont la culture, l’ADN pourrait-on dire, sont orientés vers la satisfaction des besoins des utilisateurs ou des usagers ?
La situation financière des collectivités, des hôpitaux comme des entreprises privées pousse les décideurs à limiter plus que jamais les coûts des projets immobiliers.

Pour le programmiste refuser la réalité du cadre budgétaire comme l’accepter sans réflexion revient au même : c’est ne rien apporter au projet. Or, s’il n’a rien à proposer, le programmiste ne peut qu’enregistrer des coupes franches qui se font au détriment de l’usage, de l’évolutivité ou de la qualité environnementale – c’est-à-dire au détriment de la durabilité des ouvrages au sens le plus large.

La seule alternative utile est de concilier réalités budgétaires du moment et sauvegarde des intérêts de plus long terme. Il s’agit tout simplement d’être de bon conseil pour le maître d’ouvrage.
Quelques pistes pour y parvenir :

1- Optimiser les besoins :

  • il s’agit d’abord d’être encore plus exigent dans sa propre connaissance et approche des besoins. Pour ce faire, il convient d’envisager de manière plus fine les fréquences d’utilisation ou l’ergonomie des espaces (il est par exemple possible, pour de petits établissements, de prévoir certaines dispositions permettant la conformité aux normes PMR sans surcroit de surface par des dispositions intelligentes).
  • rendre plus précise sa connaissance du contexte réglementaire. Il est indispensable de savoir dans quels cas telle ou telle mise aux normes est indispensables pour n’envisager que les dispositions les plus favorables et adaptées aux usages et au projet,
  • réaliser des études de faisabilité en deux tours. Il s’agit, par une itération supplémentaire d’optimiser davantage les scénarios. Concrètement il est utile et très opérant de conduire une séance de créativité de groupe orientée vers l’optimisation des scénarios envisagés : des relogements temporaires ne peuvent ils pas se faire via des locaux plus durables ? comment les minimiser ? peut on faire en un pierre deux coups ? telle réserve foncière ne peut elle pas avoir un usage ?

2- Aider à la bonne réalisation

  • ne jamais sombrer dans le pessimisme : les problèmes doivent nous faire penser les solutions,
  • approfondir ses connaissances des subventions et aides auxquelles les maîtres d’ouvrages pourraient prétendre en fonction de leurs projets, ou des options qu’il serait possible d’adopter…
    conserver son indépendance et la qualité de ses conseils : le programmiste a un devoir de vérité, au risque de déplaire : il faut savoir déconseiller telle ou telle option sur la base d’une analyse citoyenne intégrant coût global et coût environnemental.

3- Ne pas hypothéquer l’avenir :

  • intégrer encore davantage l’évolutivité d’usage des locaux dans le programme : telles surfaces, limitées par raison d’économie, pourraient subir des évolutions à la hausse ; tel local adjacent doit donc pouvoir être transformé, muter…
  • envisager les capacités d’extension : les besoins optimisés ne peuvent que très difficilement accueillir des fonctions supplémentaires à moyen terme. Les surfaces sont calculées au plus juste. L’importance d’envisager des capacités d’extension sur une parcelle donnée – impactant le plan masse et la localisation des circulations – est importante.
  • les économies de court terme ne dispensent pas d’une analyse plus globale du coût. Il est du devoir du programmiste d’attirer l’attention du maître d’ouvrage sur certaines durées d’amortissement, et notamment celles qui ne dépassent pas le cap des 10 ans.

S’adapter à la crise revient à offrir une réflexion et des solutions toujours plus intelligentes : suggestion d’organisations plus performantes mais aussi culture plus étendue concernant l’ergonomie, la qualité d’usage et les conditions de réussite d’un projet.

Nous n’avons pas à  réinventer le métier, mais à se rappeler de la vocation première du programmiste : trouveur de solutions d’organisation, de dispositions intelligentes issues d’une analyse approfondie des usages et d’une meilleure adéquation entre fonction et structure.

O.T.